Quelle thérapie choisir parmi tout ce qui existe ?
1. L'explosion des thérapies alternatives
On assiste à une véritable explosion des psychothérapies alternatives qui font de la relation au patient une priorité. Car si la science étudie les liens entre santé et relation sociale/attention à l’autre (effet placebo), la médecine moderne ne l’intègre pas dans ses pratiques (négligence du temps lors des entretiens). L’aspect magnifique des approches émergentes est leur prise en compte sociale : elles prennent ce temps d’attention à l’autre (une séance de maïeusthésie par exemple dure 1h30). Le revers de la médaille est que la pluralité des offres noie la capacité à trancher par ignorance, seconde tension à laquelle se confronte une personne se trouvant déjà en difficulté psychologique. Bien que cela puisse sembler contre-intuitif, le fait d’être confronté à autant de choix sans connaissance sur ce que ces approches recèlent (et de leur conséquences) rend moins disposé à choisir justement. La question « Quelle thérapie choisir parmi tout ce qui existe ? » est une question qui me revient souvent et que je me suis longtemps posée.
Plutôt que de comparer des résultats attendus (comme toute thérapie œuvre vers un mieux-être), je vous propose de comparer les chemins par lesquels elles font passer (methodos en grec signifie chemin). Après avoir exploré une trentaine d’approches (thérapies conventionnées et non conventionnées), j’ai décidé de compiler mes observations autour de grandes différences concernant le cadre et le mode de communication intervenant en psychothérapie.
Je recommande systématiquement d’appeler ou de s’entretenir avec un thérapeute avant toute réservation de séance nouvelle. Si l’entente avec le praticien est la base FONDAMENTALE, les bonnes intentions, à elles seules, ne suffisent pas : des compétences et d’autres affinités sont requises. Difficile à évaluer puisque tout ce qui a trait à la psychologie est… subjectif ! Ce qui a fonctionné pour l’un n’est pas forcément la voie à suivre pour un autre. Partant du principe que la liberté réside dans la possibilité de faire un choix éclairé, je vous propose quelques questions qui vous permettront, je l’espère, de mieux cibler vos besoins d’accompagnement en terme de conditions d’accueil et de style d’échange.
2. Le choix du cadre de thérapie
- Être à l’air libre, dans la nature, ou dans le cocon d’un cabinet ?
Le cadre du cabinet (fauteuil, chaise, canapé) reste le plus présent et offre un confort permettant de se déposer. Il n’y a pas à oublier cependant que certaines approches proposent un accompagnement hors des quatre murs, parfois dans une mise en mouvement du corps. La marche consciente et l’immersion en pleine nature encadrée par des professionnels sont des exemples de telles pratiques en extérieur.
- Etre en groupe ou seul ?
Si l’accompagnement individuel fait bénéficier d’une pleine attention de la part d’un praticien et propose un cadre plus intime, les stages ou ateliers en groupe quant à eux peuvent être l’occasion de rencontres, du renforcement d’un tissu social et d’apprentissages par les partages d’expériences.
- Etre auprès d’humains ou d’autres êtres vivants ?
Investir le champ relationnel avec le vivant concerne aussi bien les interactions d’humain à humain, que les moments de connexion avec les animaux ou avec la nature. Les animaux nous nous regardent pas avec les mêmes conditionnements qu’un être humain. La nature ne porte pas de jugement : elle accueille tout. Des approches se basent sur la relation à l’animal dans un langage non verbal.
3. Le choix du mode de communication
- Préférez-vous recevoir une analyse (passive) ou un dialogue soutenant pour décomplexer les ressentis (active) ?
Il y a une différence entre « recevoir une information de l’extérieur » (posture passive face au savoir) et « être accompagné pour en toucher une en soi » (posture active, accès à une connaissance). La première (posture passive) est ce que l’on trouve dans les approches qui proposent une grille de lecture préétablie : dans le cadre d’un diagnostic (lecture et nomination des signes cliniques), des tests psychométriques (exemple : test de QI), des tests de personnalité (MBTI, Big Five, ennéagramme…), etc. Après un questionnement ciblé autour de certains critères, chacune délivre une interprétation (scientifique ou non). Ce mode s’appuie sur un rapport de hiérarchisation du savoir entre sachant et ignorant en faisant l’économie de la réflexion chez celui qui consulte. Cela n’empêcherait pas pour autant que la réflexion opère dans un second temps (évaluation par rapport à cette information donnée). Le risque d’une telle démarche reste : l’effet Barnum ou encore l’effet nocebo (emprisonnement dans une étiquette et effet délétère sur la santé).
La seconde (posture active) comporte une dimension d’autonomie : elle propose une interaction dynamique, sur-mesure, et fait aussi appel à l’attention de la personne qui consulte pour accéder au sens des informations. Elle ne délivre pas une grille de lecture, elle encourage le chemin vers une connexion à soi afin de rétablir le contact avec son intériorité et ainsi permettre l’accès à un sens plus profond. Le praticien d’une telle approche offre un espace sécurisant pour aller à sa propre rencontre, sans étiquette. En maïeusthésie par exemple, c’est ce que l’on appel le guidage non-directif : guidage car les ressentis sont abordés comme le fil conducteur à suivre, non-directif car le praticien ne prétend pas savoir à l’avance quelle zone de vie va être rencontrée. La personne qui consulte détient « le savoir en elle ». Ce style d’approche permet un soin dans le rythme qui est le sien (remédiation intérieure), mais reste incomplète si la source des maux psychologique se trouve dans le biologique (une carence en vitamine peut mener à un état dépressif…).
- La parole ou un autre canal d’expression ?
Il n’y a pas que l’échange verbale qui présente des vertus thérapeutiques. Les canaux d’expression artistique ou corporels peuvent aussi s’inscrire dans une démarche de soin, en faisant appel à (ou en renouant contact avec) la créativité : musique, écriture, dessin, danse, chant, théâtre… La question du canal préférentiel est cruciale car notre éducation favorise l’expression verbale au détriment des autres formes d’intelligence (dans la vision pluraliste du modèle psychopédagogique proposé par Howard Gardner). Revenir à cette base me semble fondamentale car l’accompagnement psychologique reste très stéréotypé autour d’un dialogue dans l’esprit collectif.
- Une technique plutôt libre ou guidée ?
La différence réside dans la quantité de repères que les approches délivrent. Les techniques libres en proposent quelques uns et encouragent l’expression singulière, en rendant plus discret l’influence de l’environnement : elle est pertinente pour quiconque souhaite oser davantage mettre au monde ses pensées (se basant sur des questions ouvertes) ou sa créativité, tout en bénéficiant d’un cadre sécurisant, sans jugements. Les approches guidées posent plus de questions fermées (oui/non) ou font plus de propositions (offrent des listes), elles délivrent plus de consignes et peuvent aller jusqu’à proposer un déroulé par étapes. « Approche libre ou guidée » rejoint la question de la « posture passive ou active », mais l’une n’empêche pas l’autre. On peut être dans une approche guidée et se consulter intérieurement pour vérifier ce qui nous est proposé, on peut être dans une approche libre et poser des questions quand le besoin de conseil/regard extérieur se fait sentir. Toutefois, quelqu’un qui a du mal à s’affirmer et à poser des questions risque de rester avec sa confusion qu’un guidage aura su percevoir, et quelqu’un qui au contraire s’interroge beaucoup pourra se sentir à l’étroit dans une méthode trop balisée. Pour cela, je vous invite à la vidéo des métaprogrammes de Sonia Spelen partagé dans mon article de blog « Consolider l’estime de soi : facteurs d’influence aux retentissements positifs ».
- Être accompagné en toute conscience ou en état modifié
de conscience ?
Les états modifiés de conscience (EMCs) font l’objet d’études pluridisciplinaires, dont les neurosciences, qui les désignent comme des états cérébraux différents de celui de l’éveil (les ondes cérébrales Bêta sont celles observées lors d’un état d’éveil/d’activité mentale modérée). Le simple fait de fermer les yeux, ou de laisser son attention flotter, ou de se concentrer sur un problème complexe conduit à des EMCs. Parmi les anciennes pratiques se trouvent la méditation de pleine conscience et l’hypnose, qui font l’objet d’études scientifiques depuis un peu plus d’une dizaine d’années. Les recherches ont prouvé l’acquisition d’une nouvelle flexibilité psychologique par la pratique de l’hypnose : elle permet de moduler la subjectivité de nos perceptions en ouvrant à la suggestion. Bien que ses mécanismes ne soient pas encore totalement élucidés, elle trouve son application dans les hôpitaux pour la gestion de la douleur (réduction des anesthésiants), et auprès des addictologues, des psychothérapeutes et des sportifs. La méditation de pleine conscience quant à elle active des régions cérébrales en rapport avec l’autorégulation (la capacité à orienter délibérément son attention), la résistance aux distractions (la capacité à évaluer la pertinence des informations émotionnelles), l’apprentissage (en augmentant la mémoire de travail et la capacité à détecter les erreurs). Parmi ses bienfaits se trouve aussi l’augmentation significative de la matière grise au niveau de l’hippocampe, où sont produits les inhibiteurs de cortisol (hormone du stress).
Les EMCs peuvent aussi être induites par des substances psychotropes. Des plantes et champignons (ergot du seigle pour le LSD par exemple) ont prouvé leur potentiel thérapeutique, en agissant entre autre sur le récepteur à la sérotonine (ce qui présente un potentiel thérapeutique pour le traitement de la dépression, de la douleur et des addictions). Ils ont fait l’objet d’études sérieuses : les recherches sur la psilocybine ont alimenté plus de 1000 articles entre 1950 et 1965 et réunis chercheurs autour de plusieurs congrès internationaux. Le LSD a ainsi été utilisé en traitement en psychothérapie, mais a également basculé dans une consommation récréative (époque des mouvements hippies) et fait l’objet d’exploitation par la CIA américaine pour des expériences de contrôle mental…Ce n’est qu’en 1990 qu’on repris les travaux de recherches (randomisés), encore bloqués par un obstacle législatif : la convention de 1971 sur l’usage des psychédéliques (« classés comme des drogues dangereuses sans intérêt thérapeutique »).
- Offrir l’écoute au corps ? Le mettre en mouvement ?
Souvent délégué à la médecine moderne, le corps se trouve aussi au coeur des psychothérapies et des approches psycho-comportementales. Si la médecine moderne fait ses preuves pour les symptômes somatopsychiques (des symptômes psychologiques qui trouvent leur origine dans le corps), sa grille de lecture est incomplète pour les symptômes psychosomatiques (qui trouvent leur origine dans le psychologique). Dans le cas où ce sont les symptômes corporels qui prédominent, la médecine moderne permet d’écarter les éventuelles causes d’ordre biologique. Le stress, particulièrement celui engendré par les traumas ou blessures relationnelles, a un impact physiologique que la médecine peine encore à expliquer (difficulté à établir des ponts entre les maladies physiques et traumas, ou encore l’effet placebo entre santé et relation sociale). Certaines approches incluent le corps en tant qu’interlocuteur dans l’écoute, afin de bénéficier de ses sensations, et éclairer des zones de vie à contacter (mémoires). D’autres approches proposent une mise en mouvement, afin de déployer une plus grand attention envers lui, de se l’approprier, renouer avec ses sensations et s’ancrer d’avantage.
- Un accompagnement par objectifs ou à son rythme ?
Les approches centrées sur les besoins (et pas sur les diagnostics) sont des courants issus de l’ACP (Approche Centrée sur la Personne) développée par Carl Rogers. Il s’agit d’un accompagnement de la personne là où elle est, dans le rythme qui est le sien, sans « deadlines ». La maïeusthésie s’est grandement inspiré de cette posture. Elle propose des séances d’ordre ponctuelle ou espacées, mais n’établit pas de calendrier (à l’inverse d’approches qui se focalisent sur des objectifs précis à atteindre).
4. Les spécificités de la maïeusthésie
J’aime rappeler qu’l n’y a pas de « meilleure voie » : il y a celle qui résonne en vous, celle qui vous parle et le thérapeute qui vous donne l’élan de vous ouvrir.
Après avoir exploré plusieurs approches différentes, j’ai choisi la Maïeusthésie car :
• le dialogue est actif et soutenant (questions, place aux émergences, précisions)
• elle ne fait pas de diagnostics et ne pose aucune étiquette (même pas celle de l’hypersensibilité, qui reste une étiquette). Elle accompagne AVEC sensibilité et POUR prendre soin de la sensibilité
• elle ne cherche pas à faire contre (lutter, éradiquer), ni avec (acceptation, résignation), mais à «Être» (accueil de toutes les parts de soi, intégrité, déploiement)
• les proches et racines sont respectés, aucun jugement n’est jamais émis (elle ne dénigre pas autrui pour faciliter un apaisement)
• elle mobilise les ressources de la personne pour conduire à l’autonomie, en toute conscience
• elle redonne vie à ses sensations existentielles, ses propres justesses, ses valeurs
sources :
- "Quand les neurosciences éclairent le surnaturel", Le Journal du Museum de Toulouse n°5, juin 2021
- "Le pouvoir de guérir. Effet placebo, homéopathie, alimentation...et santé", Michel Raymond, 2020
- "Soignera-t-on un jour grace au LSD et aux champignons hallucinogènes ?" The conversation 2020
- "La bible de l'intelligence émotionnelle ", Harvard Business Review, 2022
- "Les intelligences multiples : tous intelligents", Bruno Hourst, conférence Ted Talk
- "Les 12 fondamentaux en maïeusthésie", Thierry Tournebise, colloque 2020
- "L'approche centrée sur la personne et la communication interculturelle", Devonshire et al., Approche centrée sur la personne. Pratiques et recherches, n°13, 2011